En quatre petits jours, j'ai laissé s'échapper

13 octobre 2008

En quatre petits jours, j'ai laissé s'échapper

En quatre petits jours, j'ai laissé s'échapper mon temps comme j'ai pu. De retour loin de la capitale, comme tout les mercredi, ou jeudi soir. Le soir tombe toujours avant que je n'arrive, même quand le train file file file. Je perds toujours la course. Alors j'ai droit aux étoiles, aux lampadaires roses et verts sur les quai, et à toutes les lumières qui scintillent la nuit, contre les pierres blanches de ma Vieille-Grande-Ville. C'est joli, aussi, comme spectacle. Et puis, je sais que quand ma licence prendra fin, vers l'été, j'aurais le coucher de soleil rien que pour moi. Ça sera ma récompense pour l'année. J'en aurais, de la chance.

Pour le moment, mon temps est à l'automne. J'ai rendu visite à ma jolie coiffeuse, qui a encore joué avec mes cheveux. Les mèches qui me dégringolent sur les yeux sont tellement claires maintenant. J'ai ris, quand elle m'a montré le résultat. Elle a rectifié la frange qui me grignotait le regard. Et dans ma tête, c'était "et Lord, qu'est ce qu'il va dire?". J'ai acheté des barrettes à fleurs bleus, et un béret noir. Avec mes chaussures à talons noires et blanches et ma jupe crayon noire, je m'amusais à faire comme si c'était avant. Et même si le tout s'est éparpiller partout, une fois rentrée dans l'appartement, j'ai vu dans le regard de Lord que cela lui avait plut. Beaucoup.

Ce que je ne savais pas, c'est à quel point le deuxième rendez vous programmé sur mon agenda allait lui plaire. Celui écrit avec une écriture un peu tremblante, un peu anxieuse. Et où Lord ne pouvait pas m'accompagner. Alors à quatorze heure presque pile, j'avais une si petite mine que la gentille dame de l'accueil s'est inquiétée pour moi. Mais finalement, le regard beau beau beau du jeune homme que j'embête depuis plusieurs mois, un sourire, et un paquet de marches descendu sans faire attention. Et j'ai repris encore un peu plus de confiance quand, la tête penchée, j'ai aperçu des chaussures noires et un sac Union Jack. Lord. Il a posé ses affaires, et a passé sa main dans les miennes. Il y avait une jolie inquiétude emmêlée dans sa voix. Du mieux que j'ai pu, je lui ai adressé un sourire. Mais avec le visage orienté vers le sol, c'était peut être un peu illisible. Je n'ai pas trop grimacé. Même quand les aiguilles jouaient à tracer des lettres sur ma peau. Parce que je savais qu'au final, ce qu'il se passait sur ma nuque, c'était des années à y réfléchir, contre la buée des vitres des bus, dans les marges, partout dans ma tête. Depuis l'histoire que j'ai lus, des années de cela. Des dialogues, des phrases, et l'envie. J'ai la clef qui décode l'encre sur ma peau. Et même sans, mes autres ont trouvé ça joli. J'en ai, de la chance.

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