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Nan
11 octobre 2011

Cela fait bien longtemps qu'il n'y a pas eu de

Cela fait bien longtemps qu'il n'y a pas eu de mots, ici. Il y en a eu beaucoup d'autres, ailleurs. Mais ici, ce n'est pas pareil. C'est plus juste, le tempo n'est pas le même. Ici, c'est chez moi, depuis des années. C'est caché, c'est secret. C'est très bien comme ça.

Le temps coule beaucoup trop vite, peut être parce qu'il est beaucoup trop joli. Et même si la nuit gagne des minutes chaque matin, même si la terreur réapparait à chaque réveil, la peur de l'obscurité fixée dans la poitrine. Même si je deteste les matins nocturnes d'hiver, j'aime mes journées. J'aime me balader dans les couloirs, ceux bleus du lycée, et ceux jaune de l'université. Pour aller traduire leurs cours à mes élèves. Chimie pour l'une, informatique pour l'autre. Je me prends à aimer entendre parler de molécules, et à comprendre des notions de code. Avec mes bagues de toutes les couleurs, mes chaussures d'adolescente. Mes cheveux qui sont devenus lilas, à cause d'une mauvaise manipulation, et c'est très bien comme ça.

Il a plein de nouvelles habitudes qui naissent, qui éclosent et se développent. Et il n'y a rien de plus doux, de plus rassurant, que de sentir les choses se mettre en place, et se répéter timidement. Le cappuccino énorme de la caféteria de l'université le mardi matin. Quand je ramène I. en voiture, et qu'on parle toutes les deux. Et c'est toujours compliqué, et c'est toujours drôle, parce qu'elle lit sur mes lèvres et que je dois voir les siennes pour bien comprendre sa voix qui est un peu difficile. Et c'est pareil dans les escaliers, et je sais très bien qu'un jour je vais tomber, à force de vouloir trop regarder ses mots plutôt que mes pieds. Mais c'est la vie, et elle est tellement, tellement douce dans ces premiers jours d'automne. 

Les feuilles commencent à jaunir, et à tomber. Et c'est mon premier automne en tant que conductrice, et c'est dur, parce que toutes ses feuilles qui tourbillonnent sont beaucoup trop belles, et que je ne peux pas quitter la route des yeux. Alors je me laisse distraire à d'autres moments, en cours quand le soleil rebondit sur un capot pour arriver jusque dans la fenêtre. I. ne comprends pas toujours quand je décroche, et je dois secouer la tête pour reprendre la phrase prononcée par la professeur "et quand on chauffe, il y a des chocs assez fort pour casser les liaisons". Je me plais à aimer comprendre certaines brides, certains petits recoins de formules de chimie. Je me plais à repenser aux mots de mes professeurs à moi, de ma formation à moi qui commence à janvier. L'un d'eux avait dit "Libre est celui qui a la connaissance", et je prends tous les jours conscience, quand j'en sais un peu plus que la veille, et un peu moins que demain, qu'il avait bien raison.

Il y a des chansons de Jack Johnson qui se mêle bien aux jours encore tièdes d'octobre. Et de chansons qui se laissent chanter très fort sur les trajets. Et même si les jours raccourcissent, même si les jours refroidissent, il y a quelque chose dans cet automne d’inébranlable. Des mots de Prevert, des mots de Verlaine, des rayons de soleil dorés dans des classes de français. Il y a un gout de peut être, de pourquoi pas, des billets de trains à prendre et des bonheurs qui se s'achètent pas.

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