Lord est parti hier, pour vivre un peu ailleurs.
Lord est parti hier, pour vivre un peu ailleurs. Il n'était pas là, quand je suis rentrée avec ma nuit hier soir. C'était prévu, mais avec la dispute du matin, le silence m'a toute chagrinée. Quelques mots au téléphone, pour expliquer un petit peu ce qui pique, ce qui ne va pas. Toi + Moi, ça doit donner quelque chose, mais pas forcement un tout qui mange trop le temps entier. Juste quelque chose de doux, qui enveloppe mais n'étouffe pas. Et comme on est débutant, on ne sait pas trop, on avance en trébuchant un peu. Alors du coup on s'est accordé un peu, pour laisser de la place à nos solitudes qu'on aime bien s'accrocher autour du cou. De temps en temps, pas tout le temps. Pour pas que le nous, ça fasse de la boue mal ordonnée. Je crois qu'on a réussit. On a les jours de la semaine pour nos propres mains, et on se verra ce week end. Y'a le manque qui s'imprime doucement sous ma peau, et ça me fait sourire. Samedi je me ferai toute jolie, même dans les vestiges en ciment de ma salle de bain amputée. Je coifferai un minimum mes mèches blondes vagabondes, et je mettrai des couleurs sur mes yeux. Une robe des collants et mes bottines. Ma peau sentira toujours le savon de Marseille, avec quelques gouttes de parfum à la mûre. Et vu que j'ai toujours froid, mon écharpe blanche ou mes foulards. En fait, c'est juste une excuse trop vraie pour qu'il me prenne dans ses bras.
Toute seule, j'arrive à gérer petit à petit les noeuds invisibles qui me gênaient.
Des petits scarabées en forme de problèmes dans ma tête, qui s'enfuyaient dès
que je voulais mettre les doigts dessus pour les enlever. Du coup j'ai pris le
temps de les apprivoiser, et de voir pourquoi ils me mordaient sans que je ne
le vois vraiment. J'ai écris des lignes de solutions, et j'ai mis un point à la
fin. J'ai même finis par écrire un long mail plein de mots à l'acide sucré. Je
l'ai fais lire à Ré-A et je l'ai
envoyé. C'était si simple que ça, de chasser mes insectes mangeur d'humeur.
Comme quoi.
Dans une semaine et demi, je vais voir mon Choub' dans la grande capitale. Je
l'ai eu hier au téléphone, en attendant mon bus sous le bleu nuit. Ça me fait
tellement étrange, de reprendre ce train que je ne connais plus. Je prendrais
plein de musique, pour l'écouter dans mes écouteurs roses. Des livres que j'ai commandés,
qui seront sûrement arrivé d'ici là. Et avant ça, j'aurai réussi a traîner Lord
dans un photomaton, pour l'avoir près de moi. En échange je lui offrirai un
sirop à la pomme verte, dans le café BD au serveur tellement adorable. Ce même
café où on est toujours fourré en ce moment lui et moi. Ça ou la cafeteria de
la Fnac, tout en haut des trois étages. Ceux qu'on monte avec les escalators,
où je m'amuse toujours à me mettre à gauche, sans que ça gène personne. Et ça
nous fais toujours parler, de gagner trente secondes en capitale, vite vite vite, en poussant tout le
monde et en se rangeant bien à droite. Bêtise. On continue même d'en parler à
une table, contre les très grandes vitres, avec nos smoothies et nos muffins.
La dernière fois il levait sans arrêt les yeux au ciel, en rapport au pigeon
que j'avais adopté pour le goûter, et qui venais manger dans ma main. Il se
mettait même sur le siège à côté du mien, quand Lord prenait les commandes. Il
a arrêté quand Lord lui a fait des grands yeux, après "No, you can't".
Alors il attendait à coté de mes doigts, pendant que je piochais discrètement
des morceaux de gâteau, pour les lui donner. "Et tu crois que je ne te
vois pas?". Pas si discrètement que ça, en fait. Mais mon Lord a souri
après, alors du coup, c'était plus bien grave, de faire la gamine. Avec mon
amoureux en face de moi, je devais avoir le sourire d'une petite fille de dix
ans.