Et trop. Trop de choses. En trop peu de temps.
Et trop. Trop de choses. En trop peu de temps. Mon auto apitoiement,
comme m'a dit Lord, s'est terminé, comme souvent. Ce n'est pas assez intéressant,
les regrets, les remords, les souvenirs gris. Un peu, mais pas trop. Et puis,
y'a toujours beaucoup mieux. Des choses plus. Renversantes, je dirais.
Anton, mon russe, qui revient petit à petit dans ma vie. Changé. Véritablement.
Beaucoup plus sage, plus posé. Même ses vêtements sont normaux, pour de vrai.
Il doit même venir m'aider, pour peindre mes murs. C'est dire. Je lui ai dis
que j'aimais la main d'oeuvre soviétique gratuite. Ca l'a fait rire. En
échange, je lui paierai à boire dans un Irish pub quelconque. Et même avec son
amant du moment, pourquoi pas. J'avais une mauvaise première impression
d'Etienne. Mais elle est partie. Comme souvent, je m'égard dans mes jugements.
Beaucoup plus intelligent que je n'aurai cru. Agréable surprise, mon verre de
Foster qui tinte contre le sien de vin rouge Je t'aime bien toi.
Et l'anniversaire de 'Toine, au restaurant mexicain, comme d'habitude. Avec une
légère peur sous la peau, en rapport à leurs mots, à lui et Tibo " faut
qu'on t'annonce quelque chose, tu vas nous en vouloir, mais tu vas rire
après.". Sans réussir à leur décrocher la vérité jusqu'au vendredi. Je
suis arrivée en retard, ils étaient déjà tous a table. Je les ai tous rejoint,
et avant d'avoir pu m'asseoir, ils m'ont chacun pris par un bras pour m'amener
dehors. Sur le pas de la porte, j'ai du batailler pour qu'ils parlent. Comme
deux gamins, ils avaient les mots coincés dans la gorge, alors que je
commençais à avoir peur, mais vous avez fait quoi bordel? Dévaliser une
ville dame, taguer une rue? Ils ont éclaté de rire, et à tour de rôle, m’ont
finalement annoncé leur homosexualité. Je les ai frappé. J'ai souri. J'ai ri.
Je les ai pris chacun à leur tour dans mes bras. Je les ai insulté, aussi.
Beaucoup. Vous m'avez fait peur, vous m'emmerdez, sérieusement. Il me reste
plus qu'un seul hétéro dans mes amis, un seul. Non j'en ai marre, je vous parle
plus. Ils m'ont payé à boire, Tibo m'a présenté son petit ami. J'ai trinqué
avec eux. Ils m'ont même trainé au pire bar connu de la vieille grande ville.
Où j'ai du rester peut être trois minutes, tellement j'étouffais.
Mon verre de vodka à la main, j'ai du leur expliquer ce qui n'allait pas, avec
ces bars. Les regards, les chuchotements. Je l'ai même hurlé à Tibo, ferme
là, tu n'es pas une fille que des cons d'extrémistes homo dévisagent. Et de
leur expliquer que je connaissais à bien extrémistes ce genre d'endroit, et que
ça serait sans moi. Parce les paillettes, les diamants en plastiques, les
plumes roses ou violettes, le sexe facile et souvent, les même lieux tout le
temps parce qu'on est assez stupide pour se mettre dans des cases tout seuls,
non merci. Parce que pour le moment, ils m'ont tous joué leur pseudo crise
d'adolescence comme ça. Demi Roi et les autres. Avec l'excuse tu ne peux pas
comprendre. Et y'en a eu, des disputes, à cause de ça. Surtout avec Demi
Roi d'ailleurs. J'avais frappé sur la table, j'avais juré, j'avais haussé le
ton, tu commences à devenir intolérant. Et les dernières parcelles de
patience pour lui affirmer que ce qu'il appellait "le milieu" n'étais
qu'un ramassis d'ignorance et d'intolérance. Et lui dire que si je l'entendais
encore une fois m'affirmer que les hétéros de toute façon, c'est juste des
beaufs crétins, je ne lui parlerai plus. Que si j'entendais ces si gentils
amis me balancer à quelle point une fille c'était laid, que c'était une erreur
de la nature, tout ça encore une fois, je les tuais sur place. Il a fini par
comprendre, longtemps après. Entre temps je l'avais laissé seul, j'étais parti.
Peut être un an sans se voir. Il le savait, que je détestais l'intolérance,
d'où qu'elle vienne.
Alors bien sur quelquefois, j'ai été traité d'homophobe. C'est à hurler de
rire. Ca nous était arrivé plusieurs fois l'année dernière. J'avais abandonné
les discutions avec le misogyne à mascara qui voulait manger Damien. On avait
préféré prendre nos cappuccinos, et lire nos journaux devant la verrière. A
peine un grand haussement d'épaule. Oui t'as tout compris chéri, t'as tout
compris. Et on avait fait jurer Damien de ne pas le toucher à lui.
Interdiction. Pas de bêtises entre ses mains. Tout comme on avait imprimé une
photo, d'un immonde personnage qui avait posé ses lèvres sur les notre, à moi,
puis à Lu', des années avant. Et qui m'avait plaqué par msn. Il parait que
quelqu'un avait affiché cette photo de lui, avec des commentaires dessus, dans
les couloirs de la faculté. Il parait, hein. Il parait surtout, qu'une fille,
c'est rancunier. Et que moi, par dessus tout, je déteste les abrutis. Tous
confondu. C'est peut être pour ça la photo, peut être pour ça les mises en
garde pour mes deux que j'aime. Et tant pis si je rabâche, et s’ils me trouvent
ennuyeuse. Lord et Anton m’ont approuvé, je sais que je n’ai pas tout faux. Je
crois.