Mais pour un mot, une chanson, j'aurais donné n'importe quoi

Dans les derniers jours de mai, j'ai englouti mes cheveux sous des décolorations, et des re-coloration. Au final je suis redevenu rousse, et dans le miroir je me suis souri drôlement fort.

Il n'y a plus de brun sur mes cheveux. Il n'y a plus de ce jour de novembre ou j'étais trop triste et qu'il a fallu que je change quelque chose. Pour y voir plus clair, pour être une autre. Et tous ces jours que j'accroche avec celui ci. A cause d'un petit, tout petit musicien. Un Tea pas si joli que ça, un Dorian Gray qui est devenu petit à petit aussi laid que son portrait. A force de journées à l'attendre, de larmes qui roulaient sur mes joues un peu partout, en salle de pause ou la tête enfouie sous l'eau d'une douche brulante. Parce qu'il y a des histoires encore plus douloureuses que le reste. Des gens qui se servent, abusent, creusent encore. Qui vident d'énergie dans leurs silences ou leurs sollicitations.

Tea et moi, on n'était pas vraiment amis je crois. Tea, il n'est ami qu'avec lui même. Tea, il a beaucoup de personnes autour, mais personne dedans.

Tea, c'est l'histoire d'un garçon qui récite du Victor Hugo, qui joue de la clarinette, du piano, de la guitare.

Et c'est tout.

Et même si c'est beaucoup, ça ne suffit pas pour cacher les mauvais côtés. Le manque d'âme. Je me suis faite avoir par une poupée mal cousue, une ébauche de musicien. Mais l'artiste que je cherchais en lui, je ne le trouve plus. En le connaissant, je me suis rendu compte qu'il n'existait pas. Et c'est peut être l'une des choses les plus tristes de mon année. Mais c'est comme ça, et il n'y aura plus de larmes contre ma paume, ni dans le creux de mes bras. Et si je ne dois jamais le revoir, et si je ne dois jamais le comprendre, alors ça sera comme ça. Si je suis trop remplie de vide pour lui pour qu'il s'approche encore de moi, alors ça n'a plus d'importance maintenant.

Tea, c'est la non histoire d'amitié la plus douloureuse depuis bien longtemps.

Mai je n'ai plus besoin de ses yeux trop brillants. De ses doigts qui courent sur les touches d'un piano, ou qui accrochent des cordes.

Je n'ai plus besoin de lui.

Octobre. Novembre. Décembre. Janvier. Février. Mars. Avril. Mai. Juin.

Je n'ai plus besoin de toi. Enfin.

Même si je sais que tu n'es pas
Le remède ni la solution
Tu n'es qu'une attelle à mon bras

(La déclaration - Debout sur le Zinc)