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Mon stage s'est terminé, et j'ai repris mes aller retour. Un
peu fatiguée, un peu malade. Le train du dimanche soir avait des allures
étranges, glissée discrètement dans la première place dont je n'avais pas le
billet. Collée contre l'écran de mon ordinateur, j'ai essayé de mémoriser tout
ces schémas d'oreille moyenne, interne, externe, cellules ciliées et autre.
Sans trop de succès, je crois. Les jambes attrapées dans ma jolie robe en
dentelle et doublure, réajustée d'un jupon, j'avais l'air d'un autre temps dans
le wagon qui allait bien trop vite. Il faisait nuit quand je suis arrivée. Je
ne me souviens plus des codes des deux portes. Mais il y a toujours des voisins
qui sourient, si, si, à Paris aussi.
Les sourires et les câlins du lundi matin. Céline, ma petite Isabelle
qui m'a sauté dessus dès qu'elle m'a vu. Les jours à rattraper avec des
mots partout, sur les amours, sur les fêtes, les visages qu'on a rencontrés
durant nos stages. Les gestes que l'on a appris, ceux qui sont identiques, bonjour,
ça va, bon appétit, stage, travailler. Et ceux qui sont nouveaux, qui
étonnent et qui amusent. La chanson des petits, avec la forêt, et des jolis
mots comme concert, fête, chansons. On a reprit le code, avec des
lacunes. Mais les petits mots, doux et insultes toutes sucrées, se sont
recollés sur nos doigts. En fin d'après midi, c'était la tête blonde de Céline
contre mon épaule, les feuilles rouges dans les fenêtres. Un peu Welcome Back.
Un peu comme la maison.
Le reste de mes jours, c'est les bêtises alcoolisées avec Partenaire. On avait
oublié le goût des choses trop fortes. Celles qui brulent la langue,
et la gorge. Même avec le sucre du caramel, les shooters de vodka nous ont
embués plus que de nécessaire. Les révélations, les secrets. Les doubles sens,
que je ne saisis pas toujours très bien. Les rires. Encore quelques verres. Et
déjà dehors, à moins un degré, il ne faisait plus froid. Ma tête contre son
épaule, je ne sais plus pourquoi. Et son souffle sur ma clavicule, qui me brûle
encore un peu. Et encore un secret, qu'il n'a pas pu finir. Il faut que je
t'avoue quelque chose... J'aurais la suite plus tard, peut être. J'ai des grignotages
dans mes souvenirs. Le coin des lèvres collé par le sucre. La nuit de novembre,
où il ne fait même plus froid, où plus rien ne fait même plus mal. Ca, je n'ai
pas oublié. Nous, les nuages et nos confidences.