Non mais je pourrais dire que ça va. Ce n'est pas
Non mais je pourrais dire que ça va. Ce n'est pas faux, en somme. Juste des
broutilles des jours qui font des pliures aux coins des yeux, et des traces de
fatigue. Comme se faire rouler sur le pied par une voiture, par exemple. Surtout
un matin, surtout quand la voiture ne s'arrête pas et file vite vite. Surtout
quand les traces s'impriment sur la peau. Et surtout ce putain de réflexe
d'avoir voulu dire pardon en premier, alors que non, pour une fois, la faute,
elle n'était pas à moi. Saloperie.
Des colères aussi. Dans tout les sens. Ca formait des vagues qui roulaient
n'importe quand, et qui venait se fracasser à l'intérieur, alors que je mettais
ma main devant mes lèvres pour ne pas hurler. J'ai tout gardé, en serrant les
dents, et ça a joué à la roulette, avec de tomber sur Lord. Pour des poussières.
Des cris, des larmes et une mauvaise habitude qui revient. Sur la même main. A
se mettre des gifles d'être si bête. Alors il a pansé, et attendu. Et j'ai
recommencé à pleurer. Avec justes des éraflures en plus. Et des pansements plein
les doigts.
Mais. Heureusement. Y'a le reste. Et c'est bien plus important. Comme les
nouveaux déjeuner, que l'on fait sur le béton, devant l'IUT, comme s'il
s'agissait d'une pelouse. Alors le soleil, et même de la musique. Et les mots
dans tout les sens. Les promesses de la soirée, pour le lendemain de mon
anniversaire. Et le permis, qu'il faut repasser. Mercredi. J'ai tellement peur
que j'en parle à tout le monde. Et Lord me traite inlassablement de pomme de
terre. Il veut aller au zoo, il a dit, et il veut que je l'y amène en voiture.
Et Ré-A veut boire et arrêter de rentrer en taxi quand on sort. Alors vendredi,
on fera comme d'habitude, on parlera au chauffeur, avec l'esprit brouillon. J'ai
même prévu à manger, puisqu'elle a toujours faim, dans le milieu de la nuit.
Je pense qu'il va falloir que je croise les doigts, pour plein de choses. Comme
les examens, comme le permis. Comme - oh mon dieu - Lui qui revient faire un
concert, et je vais pas m'en remettre, non, non, je vais encore tomber malade.
Comme du beau temps en août, et en septembre, puisqu'on part avec Ré-A et peut
être mes deux autres. Le temps a décidé de passer très vite, et je ne sais pas
quoi en penser. On va dire que c'est bien, et on va sourire. Oui, on va faire
ça.