Il pleut sans s'arrêter depuis des jours. Des
Il pleut sans s'arrêter depuis des jours. Des gouttes qui s'accumulent sur ma fenêtre vers le ciel. Ou sur moi, quand je rentre tard le soir. Alors je râle, dans le bus froid avec Ben, ou dans la petite voiture blanche de Damien, alors que l'eau se glisse dans mon cou. Mais, en vrai, ça me plait.
J'ai peints du noir sur mes ongles. Pour l'esthétique. Mes doigts myrtilles pianotent sur le clavier blanc. Ca me plait, même si. Je me parfume aux fruits rouges. Je vis de vide et de futile, et je cache ma tête entre mes bras. Heureusement qu'ils sont là, parfois, pour me sortir du blanc. Je fais des bêtises dans les magasins avec ma soeur, alors qu'elle me dit non non, n'achète pas encore des verres!. Mais je ne l'écoute pas, et je remplie encore mon panier de verres à fruits, et de tasses. Pour boire le cappuccino quand il pleut fort dehors. Ca la fait hausser les épaules, à chaque fois. Alors je joue avec les boutons du poste dans sa voiture blanche et noire. Je met très fort, tout en fermant les yeux alors qu'elle conduit. Elle rit, et je hurle sur sa conduite.
J'ai retrouvé une bonne habitude, et je suis retournée danser. Jusqu'à en avoir la tête qui tourne, pendant que les yeux noirs de Ben se moquent. Et que je meurs de chaud en février. Bavarder devant nos mojitos de tout, de ce qu'on a loupé pendant les deux mois sans se voir. Des histoires de coeurs, aussi. J'ai réussi à m'étouffer à cause de ses questions. Et devoir lui faire une rapide liste des sous vêtements féminins, alors je tentais d'attraper le sucre au fond de mon verre. "Il est temps que tu te trouves quelqu'un qui a du goût." "Il est temps que je me trouve quelqu'un tout court". Des rires qui brouillonnent un peu le noir qui me mange. Et ma main dans la sienne pour reprendre nos pas.
Il me reste encore une poignée de jours pour prendre du temps. Pour ranger partout, dehors, dedans. Faire le tri. Faire des bêtises. Manger des sandwich à la sauce tomate en pianotant des mots. Partir se brûler les poumons sur la piste rouge avec la musique forte forte forte. Se couper les ongles pour arrêter de se les enfoncer dans les paumes. Se faire les mains toutes jolies pour ne pas balancer les poings contre les murs. Peindre les lèvres au pinceau, et se les mordre ensuite, puisque Lord comprends trop. Et surtout pour les garder close avec les couleurs, puisque je ne peux pas. Les mots veulent rester enterrer. Tu me fais peur, tu me fais mal, tu ne peux pas me sauver.
Au début de l'été, j'ai décidé de repeindre mes murs. En gris clair. Pour pouvoir y placer mes couleurs par dessus. D'ici là, il y aura eu la pluie, le froid. L'inconnu pour quelques mois encore. Cette marelle qui n'est même pas encore fini, alors que j'ai déjà le tournis.